Le vendredi 6 mai 1791 est rapportée dans le registre de délibérations municipales une affaire saugrenue : l’abandon d’un cheval boiteux dans une auberge.
Catherine Courteille se présente devant le maire. Elle est aubergiste avec son mari Jean Ausselin dans son établissement “L’Etoile” sur la route de Paris à Saint-Germain. (L’auberge se tient sans doute au niveau du rond-point des Bergères.) Depuis le 12 mars, un cheval, qu’elle précise boiteux, est abandonné devant chez elle. Depuis près de deux mois !
Le cheval est la propriété d’un certain Jacques Nel, voiturier de son état. On peut sans doute supposer sans trop s’avancer que Catherine connaît Jacques et que ce n’est pas la première fois qu’elle a affaire à lui. Mais on peut espérer que c’est la première fois que Jacques abandonne un cheval parce qu’il est boiteux.
Ce qui embête le plus Catherine, outre le fait qu’elle doit s’occuper d’un cheval qu’elle n’a pas forcément voulu, c’est que le cheval va entraîner des dépenses supplémentaires. Elle déclare qu’elle fera “travailler ledit Cheval dès demain pour la dédommager des dépenses que le Cheval fera, et que ledit Cheval sera visité par un maréchal qui [fera] rapport de son état”.
Le registre ne donne pas suite à cette histoire. On peut cependant remarquer deux choses. D’abord que la municipalité s’occupe de toutes les affaires, même de celles qui peuvent nous paraître triviales. Elles ont toutes assez d’importance pour figurer dans les registres pour la postérité. Ensuite, qu’une femme pouvait rencontrer le maire pour lui exposer ces griefs, sans être ni aisée, ni fille de.
Image d’entête : Enluminure tirée de L’Atre périlleux et Yvain le chevalier au lion, 1301-1350, Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, gallica.bnf.fr.