De nombreux experts attribuent à Santos-Dumont le premier vol réussi d’un « plus lourd que l’air », ce qui fait de lui un des pionniers dans le domaine. Il effectue ses premiers vols sur son aéroplane « 14-bis » à Bagatelle, près de Paris. Conçu et construit par le pilote, il tire son nom du dirigeable immatriculé « 14 » sous lequel il était suspendu pour ses premiers essais de sustentation.
D’après sa fiche technique, l’appareil est un biplan de « type canard » qui fait quasiment 11 mètres de largeur pour 13 mètres de long. Les ailes ainsi que l’hélice propulsive sont situées à l’arrière et l’on trouve un long empennage à l’avant qui permet de lui donner de la stabilité. Ses deux moteurs successifs ont été des Antoinette de 24 chevaux puis de 40/50 chevaux.
Alors âgé de 33 ans, Santos-Dumont effectue un premier vol le 23 octobre 1906, sur la pelouse de Bagatelle. Il parvient à maintenir l’appareil à 1 mètre au-dessus du sol sur une distance d’environ 60 mètres. Un second vol est effectué au même endroit le 12 novembre 1906, sur une distance de 220 mètres. Il est considéré comme le premier vol contrôlé officiellement d’un « plus lourd que l’air » à moteur. Le pilote, ayant repris la nacelle en osier des dirigeables, effectue le vol debout.
Le Capitaine Ferber, autre pionnier de l’aviation, témoigne de ces deux vols : « Le 23 octobre 1906, devant la commission d’aviation, à 4 h 45 du soir, l’aéroplane quitte le sol doucement et sans un choc. La foule stupéfaite à l’impression d’un miracle ; muette d’admiration d’abord, elle pousse un hurlement d’enthousiasme au moment de l’atterrissage, et porte l’aviateur en triomphe. […] Le trajet a dû être voisin de 60 à 70 m ; mais les contrôleurs stupéfaits ayant oublié de contrôler, la commission n’homologua que le minimum prévu par le règlement pour gagner la coupe Archdeacon, et ce fut 25 m. […] il y eut une oscillation lente, l’engin penchant d’abord à droite, puis à gauche d’avantage. L’aviateur, craignant que ce tangage ne s’accentuât, voulant s’arrêter, a coupé l’allumage [du moteur] en hauteur, au lieu de gouverner vers la terre en laissant marcher le moteur, de sorte que l’atterrissage fut assez rude. Les roues cassèrent ainsi que le gouvernail avant. […] Le record fut porté à 220 m un mois après et la nouvelle s’en répandit dans le monde entier avec la rapidité de l’éclair. Une ère nouvelle commençait à partir de cette date parce que le charme était rompu ! Il était prouvé que les machines volantes pouvaient voler. »[1]
[1] Récit d’après l’ouvrage de Ferdinand Ferber, p. 98 : L’Aviation, ses débuts, son développement. De crête à crête, de ville à ville, de continent à continent / F. Ferber) :