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“39-45 : mémoires de guerre” – Episode 1 L’Exode

Bonjour et bienvenue pour un premier épisode de la saison 2 « 39-45 : mémoires de guerre » dans laquelle nous vous faisons redécouvrir la Seconde Guerre mondiale comme vous ne l’avez jamais vu à l’occasion des 80 ans de la Libération. Plongez dans la vie de ceux qui l’ont vécu à travers leurs yeux et leurs oreilles entre 1939 et 1945. Ce premier épisode vous fait revivre l’exode de la population entre 1939 et 1940.

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Suite à plusieurs années de tensions politiques en Europe, la guerre est aux portes de la France lorsque l’Allemagne d’Hitler envahit la Pologne le 1er septembre 1939. La France et la Grande-Bretagne lui déclarent la guerre deux jours plus tard. Mais que deviennent les Putéoliens à ce moment-là ? C’est ce que nous allons voir dans ce premier épisode.

L’éloignement de la population

Affiche, “Avis à la Population du Département de la Seine”, 4H1, AMP.

Depuis plusieurs mois, l’administration se prépare à la guerre et surtout à l’éloignement de la population. Ainsi le Service central des réfugiés créé lors de la Première Guerre mondiale coordonne l’éloignement de la population. 4 mois avant le début de la guerre, la municipalité reçoit des instructions concernant l’organisation de l’éloignement des Putéoliens en cas de conflit militaire. Le 2 septembre 1939, le plan est en marche alors que sonne la mobilisation des hommes en âge de se battre, des affiches sont placardés dans la ville : les personnes inutiles à la défense nationale sont priées de quitter le département. Pour ce faire, des bureaux de distribution de tickets d’évacuation sont mis en place dans différents lieux stratégiques à Puteaux : la mairie, la salle des fêtes, le Chantier Arago, les Habitations à Bon Marché Cartault, l’avenue Blanqui, et aux HBM Marcelin Berthelot. Pour fuir, il faut se munir d’un de ces tickets par personne. Il permet d’avoir accès à un voyage en train gratuit pour des régions éloignées du front et de la capitale. Des bus font la navette entre la mairie et les gares Montparnasse et Saint-Lazare. Entre le 2 septembre et 8 septembre 1939, 1406 personnes, munies de bagages à main et de 2 repas froids, ont pris un train pour le département assigné aux habitants de Puteaux sans savoir s’ils reverront leur maison un jour : le Calvados. Les habitants pouvaient aussi rejoindre des membres de leurs familles dans d’autres régions ou partir par leurs propres moyens .

Ticket d’évacuation individuel, 4H1, AMP.

L’évacuation des enfants

Comme l’adage « les enfants d’abord ! » le dit, ce sont les enfants entre 6 et 14 ans qui sont pris en charge par l’administration pour être évacués en plusieurs vagues dès 1939. Munis d’un trousseau de leurs maigres affaires et d’une plaque d’identification, ils partent en train dans différents cantonnements : Courseulles, Arromanches, Anctoville, Saint Laurent, Parfouru l’Eclin, la Bazoque, le Château d’Ouezy et la Colonie du Mans à Tréboul (Finistère).

Circulaire de la Direction de L’ Enseignement envoyée aux parents des élèves qui devraient être évacués, 4H3, AMP.

En septembre 1939, 447 enfants sont évacués sur les 3979 scolarisés à Puteaux. Lise Lemaitre témoigne :

« Septembre 1939 : A la déclaration de guerre, consternées, pensant à ceux qui allaient partir et à nos jeunes, la panique s’installa. L’ordre fut donné d’évacuer les enfants. Notre Nany partit avec son école à Courseulles prit le train non éclairé, avec le dévouement des jeunes scouts. »

Une fois de retour, des exercices sont organisés régulièrement dans les écoles pour habituer les enfants à se rendre dans les abris et à réagir en cas d’attaque. La vigilance reste de mise malgré l’accalmie relative. Une nouvelle évacuation est organisée en juin 1940 suite à des bombardements en région parisienne. En 1940, ce sont 354 enfants qui sont confiés à l’administration pour être amenés en lieu sûr dans le Calvados. La guerre aérienne continue. 60 enfants de maternelles cantonnés à Saint Laurent sont évacués à Parfouru l’Eclin à cause des combats. L’institutrice qui les accompagne témoigne dans une lettre :

14 juillet 1940

« Le 18 juin un violent combat entre avion et convoi de troupes sur mer, a eu lieu devant et au-dessus de St Laurent, en 1 heure la sous-préfecture nous a évacués avec armes et bagages dans l’intérieur des terres. Nous passons nos journées réunis au château de Parfouru, faisant la toilette des enfants, entretenant le linge, surveillant les enfants. A part quelques familles qui ont compris notre situation si difficile, nous sommes très mal accueillis ici. »

Les enfants évacués entre le 14 et le 18 mai 1940 sont d’abord placés dans des familles autour de Lisieux. A l’annonce de l’invasion allemande en juin, les familles les redonnent pour s’enfuir. Ils sont alors cantonnés au Château d’Ouezy aménagé en école de plein air. Le 9 juin, les écoles primaires ferment à la suite du bombardement de la région parisienne et Puteaux organise la troisième et dernière évacuation le lendemain. Les enfants sont envoyés à Tréboul dans le Finistère à la Colonie du Mans. Ces évacuations, mêmes si elles étaient préparées n’étaient pas faciles. Ainsi, les familles inquiètent pouvaient rester plusieurs jours sans nouvelles de leurs enfants.  

En 1940, 374 enfants restent à Puteaux avec leurs parents malgré le danger.

L’Exode

Les Allemands envahissent les Pays Bas, le Luxembourg, la Belgique puis la France le 10 mai 1940.  Le 7 juin, le gouvernement fuit Paris. Commence alors la débâcle et la fuite vers le Sud des Français du Nord : c’est l’exode. Le 14 juin 1940, les Allemands entrent dans Paris. Les habitants qui se souviennent des horreurs de l’occupation dans le Nord durant la Première Guerre, s’enfuient avec le minimum syndical, laissant leur vie derrière eux. Que ce soit à cheval, en train, en voiture ou même à vélo, tous les moyens sont bons. Les villes qui accueillent malgré elles les réfugiés les font dormir où elles peuvent : dans les écoles, les églises et les gymnases. Si les habitants de ces villes ne sont pas toujours très accueillants, d’autres acceptent d’héberger les réfugiés dans un élan de solidarité.

Si la population fuit, elle n’est pas la seule ! Les entreprises, elles aussi, se délocalisent. L’usine Jaz déménage dans la Nièvre tandis que la Compagnie Ouest Lumière déplace ses archives au Château de Millemont, dans les Yvelines, pour ne pas les laisser tomber entre de mauvaises mains. L’Arsenal de Puteaux est délocalisé à La Rochelle, emmenant le personnel et leurs familles sur les routes de France. Malheureusement, l’armée allemande bombarde les convois qui fuient vers le Sud. Lise Lemaitre témoigne :

« 10 juin 1940 : nous sommes partis en camion, avec une petite valise, nos masques à gaz, Nany avec son Gérard dans les bras… et le cœur bien gros. »

Le 17 juin 1940, le maréchal Pétain qui a pris la tête du gouvernement demande l’armistice. Une partie de la population décide de rentrer. Pour revenir en zone occupée, les Putéoliens en exil sont obligés de demander au maire une autorisation. La plupart du temps, le retour des habitants est justifié par la remise en route de l’économie locale. On fait donc revenir les épiciers, les médecins, les garagistes et autres professions nécessaires au retour à une vie presque normale. Les femmes, quant à elle, devaient attester qu’une personne pouvait subvenir à leurs besoins pour revenir afin de ne pas encombrer les secours publics. C’est le début d’une nouvelle période : celle de l’Occupation.

Comment les habitants vivaient-ils sous l’Occupation ? A voir au prochain épisode !

Sources

Témoignages de Lise Lemaitre, non coté, don Blondy, AMP.

4H1, 4H2, AMP.

DOWNS Laura Lee. Les évacuations d’enfants en France et en Grande-Bretagne (1939-1940) Enfance en guerre. Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2011/2 66e année, p.413-448. URL : https://shs.cairn.info/revue-annales-2011-2-page-413?lang=fr.

La Seconde Guerre mondiale dans les Hauts-de-Seine, Storymaps, Archives départementales des Hauts-de-Seine. URL : https://archives.hauts-de-seine.fr/n/la-seconde-guerre-mondiale-dans-les-hauts-de-seine/n:296

Devigne, Matthieu. « Chapitre 18. “Les enfants d’abord” ! Le repli des écoles loin des dangers de la guerre en France (1939-1944) ». Les Écoles dans la guerre, édité par Jean-François Condette, Presses universitaires du Septentrion, 2014, https://doi.org/10.4000/books.septentrion.7220.

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