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La statue de Napoléon Ier

La statue de Napoléon Ier est l’œuvre du sculpteur Charles Emile Marie Seurre. Elle mesure 3,74 mètres de haut et pèse près de 4,5 tonnes. Son bronze provient de 16 canons russes et autrichiens de la campagne de 1805. La statue fait actuellement partie du fonds national d’art contemporain du Centre national des arts plastiques, et se trouve dans la cour du musée des Invalides à Paris, où elle est en dépôt depuis 1911 [1].

Statue de Napoléon Ier dans la cour des Invalides, photographie de Parisette, 2007 (Wikimedia).
Statue de Napoléon Ier dans la cour des Invalides, photographie de Parisette, 2007 (Wikimedia).

Napoléon Ier y est représenté en chef militaire, dans une tenue de colonel des chasseurs à cheval de la Garde. La Légion d’honneur et l’insigne de la Couronne de fer sont épinglées sur sa poitrine. Dans sa main droite se trouve une lorgnette, instrument essentiel sur les champs de bataille. Sa main gauche est glissée dans son veston. C’est une représentation très classique de l’empereur.

La statue est inaugurée le 28 juillet 1833 [2], jour anniversaire de la révolution de Juillet de 1830 qui met le roi Louis-Philippe au pouvoir. Elle est placée en haut de la colonne Vendôme, à Paris, pour remplacer le drapeau blanc à fleurs de lys, lui-même remplaçant une ancienne statue de Napoléon retirée en 1814 et détruite en 1817 [3].

Zéphirin Belliard et François Delpech, estampe de la statue de Napoléon Ier de Seurre, s.d., Paris, Musée Carnavalet.
Zéphirin Belliard et François Delpech, estampe de la statue de Napoléon Ier de Seurre, s.d., Paris, Musée Carnavalet.

En 1863, l’empereur Napoléon III décide de remplacer la statue de son oncle par une nouvelle. Celle-ci représente toujours Napoléon Ier, mais en tenue impériale. La statue de Seurre est alors déplacée et envoyée à Courbevoie le 4 novembre 1863 [4], pour être ensuite installée au rond-point de Courbevoie (aujourd’hui rond-point de La Défense), dont les deux tiers se situent sur le territoire de Puteaux. Ce nouvel emplacement se situe dans la prolongation de l’Arc de Triomphe, élevé lors du Premier Empire. La statue est tournée vers l’Arc. Comme le souligne un journaliste à l’époque, Napoléon Ier « a sous les yeux le monument qui est comme le livre écrit et gravé de nos victoires et des glorieux capitaines qui ont contribué à les remporter » [5]. Le rond-point a également été choisi car il se trouve à proximité du lieu où les cendres de Napoléon Ier ont été débarquées lors de leurs transferts vers les Invalides en 1840. L’inauguration de la statue a lieu le 15 décembre 1863 [6], anniversaire du retour des cendres.

Lors de la guerre de 1870 contre la Prusse, alors que les troupes ennemies s’approchent de Paris, le peintre Gustave Courbet, à la tête d’un comité artistique, appelle à ce que la statue soit enlevée et placée en sécurité aux Invalides, pour éviter d’être détruite [7]. Le transport de l’œuvre est mouvementé. Au niveau du pont de Neuilly, la statue tombe dans la Seine et la tête se détache du corps. Trois hypothèses ont été formulées : l’accident car la barge de transport aurait chaviré, la chute volontaire pour cacher la statue, et le vandalisme. La statue reste pendant quatre mois au fond de la Seine avant d’être repêchée et envoyée au dépôt des marbres de l’Etat.

En 1911, la statue est installée dans la cour des Invalides, où elle se trouve toujours actuellement. En 2015 est entrepris une restauration de l’œuvre. A cette occasion, une analyse des alliages est faite et révèle que la tête n’a pas le même alliage que le corps. En effet, en 1910, une première restauration est réalisée. Il semblerait que le fondeur en charge de cette restauration est fait un double de la tête par moulage, considérant que la tête originale n’était pas en assez bon état. En 1935, le musée d’Ajaccio reçoit une tête de Napoléon en bronze de Seurre. Cette tête est ensuite perdue avant d’être redécouverte dans les années 1980 dans les sous-sols de l’annexe de la mairie de Mezzavia. Elle est ensuite placée dans les réserves du palais Fesch [8]. Ce n’est qu’en 2015 qu’elle est identifiée comme étant la tête de la statue de Napoléon Ier.


[1] Communiqué de presse du Musée de l’Armée, « Retour de la statue de Napoléon Ier », du 24/03/2015. Lien vers le communiqué.

[2] Cartel de l’estampe de Belliard et Delpech représentant la statue, base de données Paris Musées collections (musée Carnavalet). Lien vers la notice.

[3] Communiqué de presse du Musée de l’Armée, « Retour de la statue de Napoléon Ier », du 24/03/2015. Lien vers le communiqué.

[4] Le Pays, 05/11/1863. Lien vers le journal.

[5] Le Monde illustré, 12/12/1863. Lien vers le journal.

[6] Le Petit Journal, 01/11/1863. Lien vers le journal.

[7] Michèle Audin, article « Non, la Commune n’a pas… (30) et Courbet n’a pas déboulonné la colonne Vendôme », sur le blog Ma Commune de Paris, 16/06/2016. Lien vers l’article.

[8] Sébastien Pisani, « L’énigme de la statue de Napoléon décapitée élucidée », article publié dans Corse-Matin, 08/01/2017. Lien vers l’article.

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