En 1883, l’entreprise De Dion-Bouton posait ses valises à Puteaux ! Elle se lance dès le début dans la construction automobile… à toute vapeur !
En 1883, De Dion-Bouton fabrique des chaudières. Trois personnes s’attèlent à la tâche : Jules-Albert de Dion, futur député et sénateur, Georges Bouton et Charles Trépardoux, tous deux ingénieurs. Ils ont l’idée d’associer la chaudière à la mise en mouvement d’un véhicule.
Le premier véhicule est un quadricycle, décrite comme une « machine trépidante et crachant le feu »[1]. Son corps est fabriqué par les frères Renard, constructeurs de cycles à Puteaux. La chaudière est placée à l’avant, entre les deux roues. Elle permet de les entraîner avec deux courroies. Le combustible utilisé pour la vapeur est du pétrole !
Un incendie provoqué par un accident de combustible (qui amuse, dit-on, beaucoup le public mais beaucoup moins Jules-Albert de Dion) oblige à revoir le véhicule. Le pétrole est remplacé par du coke (variété de charbon). Plusieurs modèles sont développés, avec une alternance entre traction avant et traction arrière. Un système d’alimentation automatique de la chaudière est essayé en 1885, mais sans succès. Les quadricycles roulent à environ 60 km/h !
À partir de 1887, De Dion-Bouton souhaite alléger les véhicules qui se sont alourdis. C’est alors qu’est construit le premier tricycle à vapeur. Il y a deux roues à l’avant, et une à l’arrière. Les rayons sont métalliques. La chaudière est placée entre les deux roues avant. Le modèle est amélioré plusieurs fois. En 1892, on ajoute sur les roues les fameux pneumatiques Michelin.
En parallèle des tricycles, De Dion-Bouton continue de développer les quadricycles. Mais les différentes innovations ne satisfont pas les constructeurs, surtout Jules-Albert de Dion. Celui-ci s’intéresse alors de près aux moteurs à pétrole. Ce n’est pas du goût de Charles Trépardoux, qui souhaite continuer uniquement avec la vapeur. Georges Bouton, lui, hésite. Les relations entre les deux premiers se détériorent. En mai 1893, ils se battent même en duel ! Charles Trépardoux finit par quitter l’entreprise.
En 1895 sort le fameux monocylindre à explosion De Dion-Bouton. L’entreprise ne délaisse cependant pas tout de suite la vapeur. Elle continue à être utiliser pour les plus gros véhicules, comme les tracteurs ou autobus, jusqu’à ce que le moteur à pétrole soit suffisamment puissant, dans les années 1900-1910.
Le saviez-vous ? Le chauffeur est la personne qui s’occupe de la chaudière. Par dérivé, on l’utilise aujourd’hui en synonyme de conducteur.
[1] De Dion-Bouton, Images du passé 1882-1927, texte de Ch. Baudin, Paris, éditions Blondel de la Rougery, 1937 (Archives de Puteaux, DDB 114), p. 8. Les informations suivantes sont tirées du même chapitre.