La Maison Lorilleux tire son nom de la société Lorilleux, fondée à Paris en 1818 par Pierre Lorilleux, qui installe une fabrique d’encres d’imprimerie en 1824 à Puteaux, sur le site entourant le Moulin de Chantecoq. Lorsque, à la mort de Pierre Lorilleux en 1865, son fils Charles lui succède, l’usine s’est agrandie. Elle regroupe à la fois des bâtiments d’habitation, des bureaux, des ateliers, mais aussi des entrepôts, des laboratoires et des écuries.
Charles Lorilleux profite de l’essor de la couleur dans l’impression, et compose une palette de plus de 200 nuances de qualité régulière et suivie. En outre, il établit dans les années 1880 des usines en Italie et en Espagne et obtient de prestigieuses récompenses dans les concours internationaux. Devenue exportatrice de réputation mondiale, la société compte au début du XXème siècle plus de 115 succursales et dépôts en France et à l’étranger.
Charles Lorilleux s’investit également dans la vie de Puteaux en participant au conseil municipal de la commune et en en devenant maire quelques mois en 1872. Il meurt en 1893 à l’âge de 66 ans. Son fils René reprend son œuvre et poursuit sa politique de développement. Son décès prématuré en 1904 amène une période de gérance jusqu’à la reprise de la société en 1922 par son fils Pierre, qui reste à la tête du Conseil d’administration jusqu’en 1962, puis Président d’honneur jusqu’en 1971.
Dans les années 1960, la concurrence étrangère s’accroît et la société accepte une fusion en 1962 avec les établissements Lefranc, autre leader français d’encres d’imprimerie. La nouvelle société passe ensuite en 1973 sous le contrôle de la société Pechiney Ugine Khulmann (PUK), devenue actionnaire majoritaire grâce à la vente d’actions par une branche de la famille Lorilleux. La famille se retire du groupe dans les années 1980, années qui voient le regroupement de l’activité sur le site de Thourotte (Oise) et la fermeture de l’usine de Puteaux.
Les bâtiments sont presque entièrement démolis entre 1982 et 1983, et le site est ensuite loti et réoccupé notamment par des résidences HLM et privées, des équipements sportifs privés et des jardins publics. Quelques traces des anciennes usines subsistent : en 1979, la société avait gracieusement cédé à la Ville le moulin de Chantecoq, ainsi que le bâtiment qui longe la rue de la République et qui accueille aujourd’hui la Maison Lorilleux.
Dans ce bâtiment s’était installé dès 1974 le nouveau Conservatoire municipal de musique, de danse et d’art dramatique, qui occupe également le Moulin de Chantecoq quelques années plus tard. Suite à l’ouverture du nouveau conservatoire en 2013, les locaux sont désertés et un projet de musée voit bientôt le jour.
Inaugurée en février 2020, la Maison Lorilleux est un espace d’expositions temporaires et permanentes dirigé par la Direction de la Culture. Dans les étages, deux salles mises à la disposition des Archives sont consacrées à l’histoire de ce lieu et proposent de découvrir une reconstitution du bureau de l’industriel Charles Lorilleux et de l’univers des encres au début du XXème siècle.