Le château de Puteaux est construit par le comte Philibert de Grammont en 1698 au niveau de l’actuel quartier Pressensé Rives de Seine. Au début du XVIIIe siècle, de nombreux aristocrates se font bâtir des demeures à la campagne, des résidences secondaires dans lesquelles ils vont se reposer, mais aussi s’amuser. La campagne ne doit alors pas être synonyme d’ennui.
En 1707, le château est agrandi et embelli par la duchesse de Guiche. Il est achevé vers 1751 par Louis de Bourbon, duc de Penthièvre et aïeul de Louis Philippe. C’est alors un grand bâtiment de pierre, à un étage, et surmonté de combles à la Mansart. Le fronton triangulaire de la façade principale représente une nymphe entourée de ses amours. Sept portes-fenêtres donnent sur le parc qui se termine en surplomb vers la Seine avec deux terrasses en jardin à la française. L’entrée se fait par ce qui est aujourd’hui l’angle de la rue de Verdun, avec une allée bordée d’arbres.
De nombreuses fêtes sont données dans le château de Puteaux. Par exemple, le 3 septembre 1700, la duchesse de Guiche donne une grande réception, racontée notamment par le Mercure Galant (publication mondaine). La duchesse de Bourgogne (future mère de Louis XV) fait partie des invités. Le château est dit paraître “tou[t] en feu par la grande quantité de bougies allumées dans tous les appartements”. (Mercure Galant, septembre 1700, p. 130-133.)
De grands musiciens participent à ces fêtes. C’est notamment le cas de Jean-Marie Le Clair qui travaille pour le duc de Grammont, Antoine VII. Il crée des divertissements pour le théâtre privé du château. Il collabore à la création de la comédie Le Danger des épreuves en 1749, et de l’opéra en trois actes Les Amusements lyriques en 1750.
Le château est vendu en 1748 au Fermier général Faventine. Il change plusieurs fois de propriétaire. Parmi eux, le ministre de la guerre de Napoléon Ier, le duc de Feltre. A la mort de ce dernier, le château est vendu en 1820 à un Anglais, qui en est exproprié en 1832.
La demeure est alors cédée à un notaire, M. Dentend qui le met en location à des manufacturiers. Vers 1836 s’installent des ateliers d’impression sur étoffes ; vers 1842 un atelier de corroierie. En 1873, c’est le patronage paroissial “Le Navire” qui y prend place.
Un incendie se déclenche dans le château en 1881. Les dégâts sont très importants : le château et son parc sont finalement détruits.
Le terrain est ensuite utilisé pour l’installation d’usines comme Unic, Morane-Saulnier, Houghton, Talbot, Ollier, l’Arsenal ou encore la Compagnie Ouest Lumière, qui seront à leur tour détruites pour laisser place notamment à des logements mais aussi au conservatoire de musique.