Aux origines de Puteaux : de la paroisse à la commune
L’histoire de Puteaux commencerait au IIe ou au Ier siècle avant Jésus Christ : des pièces d’or du peuple des Parisii ont été retrouvés sur le territoire. Il semblerait en tout cas que le territoire soit habité au moins depuis le IIIe siècle de notre ère.
Mais la véritable fondation de Puteaux remonte au XIIe siècle. En 1148, l’abbé Suger, alors prieur de Saint-Denis et régent de Louis VII, signe l’acte de constitution du village sous le nom de « Putiauz ».
Puteaux dépend alors de la paroisse de Suresnes. Les habitants et habitantes doivent lui offrir des offrandes pour les fêtes religieuses (cierges et pains). En 1212, le village refuse de payer. Il est excommunié ! Ce n’est qu’en 1248 que la sentence est levée par l’abbé de Saint-Denis, Guillaume, mais moyennant finances…
Les difficultés avec les autorités religieuses ne s’arrêtent pas là. Il faut de nombreuses demandes (et sans doute de l’argent) pour que les Putéoliens et Putéoliennes puissent enfin construire une chapelle. L’autorisation leur est seulement donnée en 1509, avec une lourde condition : la chapelle ne doit pas devenir une paroisse. Elle devient succursale de Suresnes en 1596.
Dès le XVIIe siècle, la noblesse parisienne installe à Puteaux des maisons de villégiature. Elle y donne des fêtes somptueuses ! L’histoire retient celle de Monsieur de Bourges, correcteur des comptes, en 1679 sur l’Île de Puteaux, qui est citée jusque dans le Mercure Galant. En 1698, le Duc de Grammont, Maréchal de France, fait construire un château sur les rives de la Seine, en bordure de Suresnes.
Hormis quelques familles aristocratiques ou bourgeoises, la population de Puteaux est essentiellement composée de classes populaires. Au XVIIIe siècle, le travail se trouve surtout aux vignes et aux blanchisseries : une grande partie des coteaux (notamment la colline de Chantecoq) est dédiée à la production de raisin, tandis que la Seine permet de développer les lavoirs et teintureries.
C’est à cette époque que Puteaux se détache de Suresnes. En 1717, la chapelle qui ne devait pas devenir paroisse le devient ! Le village est enfin indépendant.
Cette paroisse n’aura finalement vécu que 72 ans. Suite à la Révolution française, la loi du 14 décembre 1789 la remplace par une commune. Les premières élections municipales (au suffrage masculin censitaire) se tiennent le 7 février 1790 : Guillaume Nezot est nommé premier maire de Puteaux.
Puteaux moderne : de l’ère industrielle à l’ère tertiaire
La situation géographique de la commune (proche de Paris et en bord de Seine) en fait une destination idéale et recherchée des industries. Très tôt, en 1824, Puteaux voit sa première usine s’implanter : la société Lorilleux qui produit des encres d’imprimerie.
La transformation de la ville ne fait que commencer. En 1839, le chemin de fer relie Paris à Versailles et s’arrête à Puteaux. Cette innovation permettra ensuite une accélération industrielle. En 1842, la municipalité fait installer l’éclairage au gaz. En 1852, la première école communale est construite ; en 1866, l’instruction est prononcée publique et gratuite.
C’est sous le Second Empire que Puteaux devient véritablement une ville industrielle. L’Arsenal s’installe sur les quais de Seine en 1866. Dans les années 1880, des industries automobiles s’y implantent également : De Dion-Bouton et UNIC font partie des plus célèbres ; une vingtaine de sociétés et usines de constructions et d’accessoires s’y établissent aussi, avec parmi elles Auster & Houdard, Charron, Dumoulin ou Tic-Tac. En 1900, c’est au tour de la société Ouest-Lumière (qui produit et distribue le courant dans les communes limitrophes) de poser ses valises à Puteaux. Puis arrivent la société d’aviation Morane-Saulnier en 1911, la société de caoutchouc Hutchinson en 1916 ou encore la société d’horlogerie JAZ dans les années 1920.
L’industrie est aussi celle du luxe. Au début du XXe siècle s’installent les parfums Coty sur l’île de Puteaux, les parfums d’Orsay dans le quartier des Bouvets, puis la société Phebel rue Édouard Vaillant.
La transformation est telle que même les guerres successives ne font que la ralentir. C’est la mondialisation qui aura raison de ces sociétés et entreprises. Dans les années 1950, la rentabilité diminue ; les usines ferment les unes après les autres. Elles sont décentralisées hors de la région parisienne. Peu à peu, ces friches industrielles seront recouvertes de logements et surtout de bureaux. L’ère tertiaire commence.
Puteaux aujourd’hui : entre bureaux et logements
Le départ des usines est vite compensé par l’arrivée des entreprises tertiaires dans un quartier très connu : celui de la Défense. L’État décide de s’engager dans l’aménagement des banlieues pour notamment favoriser l’installation d’entreprises tertiaires. Les problèmes liés à la reconstruction de la France après la guerre ralentissent cependant les projets, comme celui d’une Exposition universelle sur les terrains autour de la place de la Défense. Il est finalement construit un lieu d’expositions permanent : le CNIT (Centre des Nouvelles Industries et Technologies) est inauguré en 1958.
Les constructions s’accélèrent. Pour gérer l’aménagement de la Défense est créé l’EPAD (Établissement Public pour l’Aménagement de la Défense) en 1958. Quelques années plus tard, en 1964, le premier plan de masse est décidé avec pour objectif d’étendre la zone et de développer un quartier d’affaires. Entre 1965 et 1969, les grandes lignes se dessinent ; les gratte-ciel à l’américaine sont érigés et deviennent des sièges d’entreprises. Parallèlement commencent les travaux pour le RER A.
Avec le choc pétrolier de 1973, les constructions sont paralysées. Elles reprennent dans les années 1980 notamment par le centre commercial des « Quatre temps » en 1981, la Grande Arche en 1989, les tours Michelet ou encore SCOR. En 1992 arrive enfin le métro. Les travaux continuent jusque dans les années 2000 avec l’édification des tours Société Générale, EDF ou encore Défense Plaza, et l’église Notre-Dame-de-Pentecôte.
Image de l’entête : Devant le café-restaurant Miltgens, rue de l’Eglise, vers 1900, AMP, 2Fi2368.